[FIGURES]
collection de portraits
figures fragmentaires qui habitent le miroir
falsifications
La photographie est le meilleur support de la mort, son meilleur supporter. Toute photo fait une ovation à la mort, et même elle la provoque, elle la donne : on vise, on appuie, ça tue. C’est la « mort plate » dont parle Barthes, qui « sous l’alibi dénégateur de l’éperduement vivant », transforme le sujet en spectre.
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Je suis seule. Je me regarde dans un miroir, je regarde une photo de moi. Selon les jours, je suis homme ou femme, grand-mère ou enfant, selon les nuits mon visage accueille un vivant ou un mort – celui-ci, une seconde ou une heure, occupe le premier plan de mon théâtre d’ombres, il prend les devants.
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Dans la rue, maintenant, quand je me promène, je suis attirée par les miroirs sans tain, les visages qu’on peut traverser. Il y a des gens comme ça, on en croise : le crâne perce sous la tête, l’orbite sous l’œil, la mâchoire sous la bouche ; même jeunes, on voit le mort qu’ils feront.
camille laurens - [cet absent-là]